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photographe-mule, ou MUL ?

Comme beaucoup de débutants précautionneux, j’ai commencé la randonnée par une course au matériel : gros sac à dos, gros duvets, plein de vêtements de rechange, bonne tente solide, …
Évidemment, comme je vais en montagne pour y prendre des images, j’avais la même attitude côté matériel photo : toujours deux boitiers, tous les objectifs du 17 au 400mm, et l’inévitable objectif macro !

Bref, des randonnées sur plusieurs jours avec près de 30 kilos sur le dos parfois…Très vite j’ai senti que c’était trop. En 2004 la naissance de ma première fille a déjà solutionné une partie du problème : d’une vingtaine de bivouacs par an je suis passé à moins de 5. Pour les bivouacs restants, exit la tente, juste un duvet sur un petit matelas de sol. Le poids de la partie « randonnée » du sac devenait presque supportable : 8, 10 kilos environ.

Mais pas question pour autant de laisser tomber la partie « photo » : EOS3, EOS1v argentiques puis 5D, 5DII numérique : appareil pesant autour d’un kilo, *doublé* d’un « petit » boitier de type EOS500, 300. Et bien entendu, comme il ne fallait rater ni le chamois au loin ni la fleur ou l’insecte, toute la gamme d’objectif suivait.

C’est comme cela qu’un beau jour d’avril dernier, au retour d’une « petite » randonnée qui m’avait semblé bien fatigante sur les crêtes du Vercors, j’ai pesé mon sac : 19 kilos !

Pour une sortie de 3h de marche.

Bref, c’était trop…

Dans un premier bilan j’ai observé le contenu de mon sac et j’ai listé certaines choses que je portais tout le temps depuis plus de 10 ans sans que *JAMAIS* elles n’aient servies :

– la polaire de fond de sac en plus du nombre adapté à la température (autrement dit, toujours au moins 2 polaires même en plein mois d’août, et jusqu’à 5 couches chaudes dont deux restant systématiquement dans le sac, en hiver)
– le tshirt et les chaussettes de rechange,
– les 3 paires de gants,
– la trousse complète de secours,
– les 2 jeux de piles de rechange (AA et AAA),
– le sursac en hiver (en cas de bivouac improvisé dans la neige).

Côté photo, même bilan : je fais principalement du paysage. Ce ne sont que de rares rencontres fortuites avec des animaux chamois, mouflons, circaète, aigle, … qui me font utiliser un 300mm. Plus de temps en temps un paysage « lointain » intéressant.

Mais le nombre d’images « fortes » prises dans ces conditions se comptent sur les doigts d’une main : ce n’est pas mon centre d’intérêt, et la randonnée au fil des sentiers n’est pas la bonne technique pour ramener beaucoup de bonnes images de faune.
Pareil pour la flore ou les insectes : le plus souvent je n’ai pas le temps ou l’envie de m’arrêter pour photographier une fleur…
Une intense (!!) réflexion permet aussi de se rendre compte que le 35mm fixe fait quand même, peut-être, un peu doublon avec le zoom 17-35mm.
Un gros trépied stable est-il bien utile pour prendre une image de randonneur (moi, si je suis seul) au 200ème de seconde ?
Et j’en passe…

Bien entendu je ne me suis pas débarrassé du matériel, il pourra toujours servir : je continuerai à faire quelques sorties « rut du chamois » à l’automne ou à aller voir les vautours du Vercors avec un 300mm, à faire des séances à plat-ventre dans les champs fleuris au printemps avec le 300mm ou un 150mm Macro, ou à sortir le 35mm fixe lumineux et le gros trépied pour les longues poses nocturnes et les filés d’étoiles.

Mais pour une de mes sorties « typiques » (monter faire un lever de soleil, avec éventuellement quelques vues « ambiance sombre » avant le lever, et quelque photo de randonneur en situation après le lever, puis rentrer) je peux me contenter d’un matériel plus sobre : un boitier unique (sera-ce un drame si jamais celui-ci tombe en panne, ce qui ne m’est jamais arrivé en 13 ans de photo, et que je passe une sortie en « ratant » des images ?), un 17-35mm, un 70-200mm, un 50mm quand même très piqué pour les images qui l’imposent, un petit trépied ‘tout plastique’ à 15 euros et 500g…certes par gros temps ça ne suffira pas, mais je fais beaucoup de sorties sans utiliser du tout le trépied.
Les progrès de la technique aident aussi : avec un boitier de 20Mpixels, je peux recadrer dans une image au 200mm pour obtenir une « émulation de 300mm » donnant un résultat tout-à-fait acceptable (c’est exactement ce que font les boitiers de capteur format « APS »).

Ici quelques mouflons de Belledonne :

Une bague-allonge sur un objectif classique, c’est peut-être de moins bonne qualité et praticité qu’un 150mm macro, mais quand il ne s’agit pas d’une sortie flore, cela suffit très bien quand on pratique seulement la proxi-photo, pas la vrai macro (vue rapprochée mais avec un grandissement qui reste limité)…

Lis Martagons et falaises du Vercors

Aster, edelweiss et joubarbe réunies, avec rosée :

Un petit trépied permet quand même dans beaucoup de conditions (absence de fort vent) de pratiquer la photo de nuit et les poses longues :

de même que « l’autoportrait » pour la photo d’illustration :

Enfin, à contenu plus léger, sac plus léger : le fourre-tout d’épaule multi-rembourré de 2 kilos peut être aussi remplacé par une petite sacoche de 400g.

C’est alors un enchaînement, un « cercle vertueux » (mais onéreux) qui permet encore d’alléger un peu…Et pour cela, il existe un site bien pratique, qui réunit les adeptes de la Marche Ultra-Légère (MUL) :www.randonner-leger.org . Les plus « extrèmes » de ces pratiquants vont pouvoir faire des raids d’un mois avec 5 ou 6 kilos sur le dos…mais sans aller jusque là (impossible de toute manière avec le matériel photo) on y trouve foule d’idées, de conseils et de tests de matériel.

Je tiens à pouvoir mettre mon fourre-tout dans le sac-à-dos en cas de besoin (pluie violente et imprévue ou passage technique nécessitant l’usage des mains). Mais pour un portage léger et un petit fourre-tout, un sac-à-dos plus petit peu donc convenir. J’ai donc remplacé un excellent sac-à-dos à armature et pesant 2 kilos par un sac d’environ 900 grammes conseillé par une connaissance de ce site, pratiquant les longues randonnées « légères », et que je sais de bon conseil.
Parfait pour la randonnée hivernale (avec de gros volumes de polaires et duvets) et les longues randonnées en autonomie, bien confortable, le GoLite Pinnacle est quand même un peu gros, et je suis en attente d’un sac du même fabricant de « seulement » 36 litres qui devrait suffire l’été à la journée (il en existe un 3ème intermédiaire, qui risquait d’être soit un peu trop petit, soit un peu trop gros mais quand même tout à fait acceptable, difficile de se décider sur catalogue…). Dans tous les cas, ces sacs sont extrèmement bien accessoirisés et bien conçus (je ferais sans doute un billet dédié à ce sac et à d’autres éléments de matériel).

Côté vêtements, une micro-polaire et une veste imper-respirante de 150g (testée avec succès en ville sous une bonne averse) devraient suffire ces temps-ci en été ! Je n’ai jamais jusqu’à présent été vraiment pris dans une longue période de mauvais temps : en randonnée à la journée la météo peut parfois mal annoncer un orage ou une averse, mais le plus souvent les prévisions sont fiables et je ne sors pas si je pense que la randonnée aurait lieu intégralement sous la pluie.

Au final, j’arrive à avoir un sac-à-dos qui pèse (avec 1.5l d’eau et un peu de nourriture) moins de 5 kilos, et un ensemble porté de moins de 10 kilos qui sera parfaitement adapté à ma pratique : randonnées courtes par beau temps (éventuellement venté et froid), au pire une averse.
La légèreté est vraiment très appréciable (et ce n’est sans doute pas un hasard si j’ai pu faire sans fatigue excessive une randonnée d’une longueur inhabituelle pour moi dernièrement).

Je n’ai pas non plus à regretter, au bout d’une grosse demi-douzaine de sorties et d’environ 8000m de dénivelé, mes restrictions en terme de matériel photo…mais enfin la période a été plutôt maigre (beau temps trop fixe, pas de supers conditions de lumière) pour juger complètement…

En conclusion de ce billet, je dirais que les réflexions et expériences décrites plus haut ne sont pas à prendre au pied de la lettre, il est évident que la liste de matériel évoqué ne conviendra pas telle-quelle à tout le monde : un photographe animalier ne va pas lacher son téléobjectif juste pour faire léger…Mais seulement de réfléchir à ce qui est réellement utilisé dans son sac, ce qui fait double emploi…Et aussi, à la notion d' »indispensable » et de sécurité : les conséquences d’un équipement un peu léger peuvent être dramatiques dans certains cas mais aussi à relativiser dans d’autres…

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  1. 11 août 2010 à 10 h 45 mi

    Superbe la 3em.photo.

  2. guillaumelaget
    15 août 2010 à 11 h 29 mi

    Merci ! Comme quoi l’objectif macro n’est pas toujours indispensable pour des vues « rapprochées mais pas trop »..

  3. 18 septembre 2010 à 12 h 46 mi

    J’ai lu… attentivement… en souriant parfois… de moi-même qui porte allègrement je ne sais combien de kilos parce que je n’ose jamais laisser un objo… au cas où… je pense qu’il va falloir que très vite je me penche sur la question.. merci pour cet article 🙂

  4. 24 septembre 2010 à 17 h 31 mi

    Pour aller dans ton sens, j’ai une philosophie qui me permet d’alléger le poids : si j’ai froid ou qu’il pleut trop, je descends à toute allure. Et si j’ai froid ou que je suis mouillé, ce n’est pas dramatique. Point de vue à adapter à la sécurité selon les lieux.

    J’ai ainsi remplacé la cape de pluie par un sac poubelle pour le matériel, et supprimé les vêtements chauds tout comme les rechanges…

  1. 18 septembre 2010 à 10 h 04 mi

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